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Etat d'âme
La légende de Gabriel - 2
2 - Descente dans les abysses Dans un ordre parfait, à la suite du prince, ils s’engagèrent sur une étroite sente rocailleuse à la pente rapide serpentant le long de la paroi abrupte, leurs regards acérés à la recherche du moindre mouvement suspect. Prudemment, ils descendirent vers la nappe de brouillard. Elle montait lentement à leur rencontre, opaque, épaisse comme un lac de lave, agitée de lents et pesants mouvements. Et le brouillard fut sur eux, gluant, visqueux, effaçant les formes et les couleurs, aspirant la lumière, gobant les sons. Les chevaux renâclèrent sur les roches glissantes. Ils mirent pieds à terre, saisirent les mors dans une main et affermirent leurs armes dans l’autre. Sans un mot, aveugles, l’un derrière l’autre, ils reprirent avec précaution la descente, tâtant le sol pour éviter un mortel faux pas, se guidant sur les bruits des fers des montures précédentes. Chaque pas leur était un calvaire. La peur, sournoise, s’insinuait en eux. L’espace était peuplé de fantômes immobiles. Branches d’arbres dépouillées et buissons chétifs surgissaient soudain du néant et y retournaient aussitôt. Ils progressèrent longtemps ainsi dans ce monde pétrifié. Enfin, épuisés, trempé jusqu’aux os, les muscles tendus à l’extrême, ils atteignirent sain et sauf le fond des gorges. Le brouillard y était moins épais et la vue s’étendait de quelques pas. Ils s’arrêtèrent pour un bref repos et d’un regard circulaire cherchèrent à identifier les lieux. Ce triste paysage, baigné de la pale lumière d’un hésitant halo de soleil à son zénith – scène spectrale où le gris imprégnait toutes choses effaçant toutes les autres couleurs – était-il la riante prairie des jeux de leur enfance ? Et cette rangée de squelettes vêtus de longs filaments pendants, était-ce les saules pleureurs du bord du petit torrent où cachés par les branches, ils chantaient des odes d’amour courtois à de douces jouvencelles et découvraient les jeux de l’amour entre les bras d‘accortes paysannes ? Ce monde, maintenant, était couvert d’une vase épaisse où ils enfonçaient jusqu’à mi-mollet, aucun son hormis les leurs ne l’animait. Des murmures s’élevèrent que le prince, d’un geste, fit taire. A sa suite, silencieux, accablés, ils se remirent en marche. Chaque pas faisait naître une nuée de bulles qui éclataient sur la surface bourbeuse en de bruyants claquements dégageant une infecte pestilence, suivi d’un horrible bruit de succion quand ils retiraient leurs pieds de la fange pour faire un nouveau pas. Souvent le sol se déroba sous les pieds des hommes et les sabots des chevaux. Tous, hommes jurant, chevaux hennissant, glissèrent et plongèrent dans cette soupe infâme qui les enroba d’une gangue putride, méconnaissables statues gesticulantes. Pitoyable troupe. Étaient-ce là les puissants guerriers et les fringants destriers qui avaient repousser les barbares loin des frontières du royaume ?… Enfin, l’un d’entre eux trouva sous son pied la dureté de la voie pavée qui, autrefois, menait aux sources chaudes. Peu à peu, elle s’élevait hors du bourbier, révélant quelques pavés disjoints, mais encore en bon état. Ils purent remonter à cheval et progresser plus rapidement dans les volutes du brouillard dansant. Repondre a cet article
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