RécitDesTempsOubliés

16 - Décret royale

La révélation les laissa sans voix, mais de larges sourires illuminaient tous les visages.
Puis quelques-uns s'exclaffèrent :
- " Voilà un bien piètre stratège qui établit son campement dans un trou à rats ! "
L'idée était stupide, en effet, pour qui connaissait l'endroit. Et tous le connaissait dans ses moindres recoins pour y avoir suivis de longs et rudes entraînements militaires lors desquels ils avaient apprit qu'il était impossible d'y contenir une attaque.

Les Grottes des Chats-Tigres — ainsi nommées par les "Anciens" car elles ont longtemps servi de tanières à de dangereux petits félins aux pelages rayés — nombreuses mais peu profondes, sont enclavées dans un cirque formé par de hautes falaises en surplomb. Une seule voie, périlleuse, située bien avant l'entrée du cirque, introuvable pour qui ne connaît pas la topographie des lieux, mène à leurs sommets. Le terrain, à l'intérieur du cirque, presque lisse, sans aucun rocher, est dépourvu de toute végétation, hormis quelques touffes d'herbes maladives et des buissons malingres. Le sol s'élève rapidement du centre vers la sortie située à l'est et forme un col. Toute personne caché en haut de ce col par des gros rochers y a une vue plongeante et totale sur les grottes. Par temps de fortes pluies, l'eau ruisselant par les fissures des falaises et par la forte pente de l'est, devient un vaste lac qui peut rapidement envahir les grottes et menacer de noyade les occupants imprudents.

Gabriel s'enquis auprès de Bardas si Judas connaît le chemin menant au sommet des falaises et s'il y a placé des archers. La réponse négative déclencha une ovation dont les mots principaux étaient victoire facile, massacre, curée, bains de sang, vengeance... Elle s'éteignit rapidement quand ils reconnurent dans la posture de leur roi, dans son regard de feu et son visage crispé, une de ses rares colères qu'ils avaient connues lors de la guerre contre les Barbares des Terres glacées. Ils attendirent, anxieux, silencieux, le regard dirigé vers le sol, cherchant une raison à cette soudaine colère. Seul Aymeric, qui connait lui aussi les mémorables colères de Gabriel mais ne les craint pas, lui demanda en lui posant la main sur l'épaule :
- " Gabriel, mon roi, que se passe-t'il ? "
- " IL SE PASSE QUE... Il se passe que je suis las de tous ces massacres, de tout ce sang versé. Pourquoi ce désir de vengeance à tout prix ? Pourquoi ajouter le meurtre au meurtre ?... N'avez-vous pas compris que le royaume est exsangue et que nous devons faire preuve de clémence et inciter la majorité de ses gens qui ont été enrôlé de force pour préserver la vie de leur famille à nous rejoindre... "

- "Artus ! Je vais te dicter mon premier décret ...

- " Je signe et j'appose mon sceau ! "
Et foudroyant l'assemblée du regard, il déclare :
- " Sachez que je serai sans pitié envers quiconque enfreindra pas cette loi ! "

A suivre...