Joueb.com
Envie de créer un weblog ?
ViaBloga
Le nec plus ultra pour créer un site web.
Débarrassez vous de cette publicité : participez ! :O)

PENSE À NOUS

Session
Nom d'utilisateur
Mot de passe

Mot de passe oublié ?


Index des rubriques

ILS NOUS DISENT

Etat d'âme
La Légende de Gabriel - 6

6 - En attendant le retour du Roi

Le soleil, montant par dessus l’à-pic, les surprit, honteux, là où ils étaient tombés. Le ciel bleu, insolent, riait de leur déconvenue, mais de brouillard… point. Quelques oiseaux, timides, pépiaient. Ils respirèrent à pleins poumons l’air léger et propre et se redressèrent, le corps perclus de douleur et toujours fatigué. L’immense vasque de marbre qui avait accueilli, jadis, toute la population de la région lors de grandes fêtes, était devant eux, fendue, brisée par les colonnes et les statues effondrées, mais l’eau chaude bienfaisante l’emplissait encore, pétillante de milles bulles chantantes. Elle jaillissait par intermittence au centre de la vasque en un impressionnant geyser sifflant et un arc-en-ciel, dans les rayons du soleil, illuminait les gouttelettes vaporeuses qui retombaient fines et légères. Tous plongèrent en un seul mouvement entièrement vêtu dans cette eau qui les appelait, qui les implorait. Un brouhaha indescriptible s’éleva de la vasque. Un passant, à cet instant, eût pu voir, ébahi, des cuirasses, des cottes de mailles, des heaumes, des épées surgir dans un jaillissement d’eau et décrire dans les airs d’élégantes courbes avant de s’écraser sur les dalles de marbre dans un bruit de métal froissé, puis tout un éventail de vêtements suivre le même chemin. Ils n’avaient qu’une seule envie : se laver de toute cette fange qui imprégnait leur corps, leur cœur, leur âme. Ils étaient sales, si sales… Ils pleuvaient des jurons que même des oreilles averties eussent trouvés choquants. Peu à peu, le calme revint, ils somnolèrent au soleil de midi, allongés sur les bords de la vasque. Seul leur nez, leur bouche et leur menton pointaient à la surface de l’eau. Les milliers de bulles massaient leur corps meurtri et aspiraient la fatigue. Un premier sorti de l’eau, les autres suivirent un à un. Ils devaient être dignes de leur roi. Ils devaient préparer son retour. Un accueil qui resterait dans les mémoires comme le seul accueil digne d'un roi. Ils entreprirent de nettoyer leurs vêtements qu’ils mirent à sécher au soleil. Ils menèrent les chevaux dans la vasque où ils s’ébrouèrent longuement, puis ils les brossèrent. Ils briquèrent leurs armures jusqu’à ce qu’elles réfléchissent comme des miroirs. Certains partirent chasser et revinrent chargés de chevreuils, de perdrix, de lagopèdes, de lapins ; d’autres cueillirent des tétragones, des fraises des bois et des brimbelles ; quelques-uns amassèrent du bois et trouvèrent des oeufs, puis ils préparèrent l’unique salle partiellement debout des antiques thermes, ils balayèrent les déchets qui jonchaient le sol, fabriquèrent un siège, une table, un lit qu’ils couvrirent d’étendards. Ils étendirent tous les oriflammes et firent un feu dans la cheminée intacte. Tout fut prêt à la nuit tombante, les chevreuils et les lagopèdes rôtissaient à l'extérieur au dessus de grands feux, les lapins et les perdrix bourrées d’herbes aromatiques cuisaient à l’étouffée dans des gangues d’argile placées dans la braise parmi de grosses pierres qu’ils plongeraient dans l’eau d’une grosse pierre évidée pour la faire bouillir et y cuire les tétragones. Les baies lavées disposées dans une coupe furent placées sur la table. Ils allumèrent plus de cent torches qu’ils disséminèrent parmi les ruines des Thermes. Un fin croissant de lune surgit au dessus des gorges dispensant une timide lumière blafarde. Ils replongèrent rapidement dans la vasque, revêtirent leurs vêtements enfin secs et ils attendirent, inquiets, impatients, sans une mot. Le temps passait. Ils retirèrent le gibier du feu. Les torches s’éteignirent, elles furent remplacées. Un fin croissant de lune surgit au dessus des gorges dispensant une timide lumière blafarde. Le temps passait encore, et beaucoup, assis sur des pierres basses ou à même le sol, les bras croisés sur les genoux, s’assoupissaient. Quelques-uns veillaient résistant péniblement au sommeil qui les assaillait.
La Lune disparut derrière les hautes falaises.

A suivre ...

Ecrit par , le Jeudi 25 Septembre 2003, 17:01 dans la rubrique "Nouvelles".
Repondre a cet article