Dans la grande salle des audiences, sur le somptueux tapis moelleux, le messager, tête baissée, ploie le genou devant le vieux roi et lui tend le parchemin fermé du sceau du prince son fils. Le roi brise le sceau, lit le message et son visage grave s’illumine d’un large sourire. Il relève le messager, l’embrasse sur le front et l’envoie se reposer. Il se retourne vers la reine, la serre dans ses bras : «  La guerre est finie, Gabriel est victorieux, encore quelques mois et il serra de retour… J’ordonne une grande fête pour cette heureuse nouvelle, je veux profusion de nourritures, de boissons, de jongleurs, de ménestrels, de joutes courtoises et de tournois…  »

La cité royale est en liesse. Tous, seigneurs, marchands et bourgeois venus de tout le royaume, petites gens de la ville et des champs environnants, mangent, dansent, chantent et boivent. Soudain la terre gronde, tremble et se craquelle. Le vieux mont qui veille, tout là haut, dans ses neiges éternelles, s’ouvre et crache un lourd nuage de cendres incandescentes. Et l’orgueilleuse cité, sous le souffle brûlant, s’effondre comme fétu de paille sous le vent. Et le lourd nuage de cendres ensevelit bêtes et gens, roi, seigneurs, marchands, bourgeois et petit peuple. Puis tout se calme.